Carnaval - secrets cachés !
La plupart des gens associent le carnaval aux bals somptueux, aux mascarades et aux spectacles de samba endiablés de Rio de Janeiro. Cependant, il ne viendrait pas à l’esprit de beaucoup que ces festivités audacieuses et souvent arrosées d’alcool sont étroitement liées à la religion chrétienne.
Vous vous demandez peut-être quel est le rapport entre l’enseignement de l’Église, qui rejette l’ivrognerie et la boulimie, et le carnaval ? Nous allons tenter de l’expliquer brièvement.
Dans la plupart des pays du monde, le carnaval est une période étroitement liée au calendrier liturgique. Il commence généralement le jour de la fête de l’Épiphanie et se termine le mercredi des Cendres, qui précède Pâques.
Les origines du carnaval ne sont pas claires, mais on sait qu’il remonte très loin dans le passé. Certains disent qu’elles sont plus profondes que le christianisme lui-même. Ils établissent des parallèles entre le carnaval et les Sturnales romaines ou les Dionysies grecques. Ce qui est certain, en revanche, c’est que le carnaval a triomphé au Moyen Âge.
La fête du péché
Il ne serait pas abusif d’appeler le carnaval une sorte de fête du péché. Les spécialistes estiment que, d’un point de vue chrétien, les jeux annuels devaient avoir une fonction didactique et illustrer avec force tous les plus grands vices humains. C’est pourquoi les carnavals du Moyen-Âge se caractérisaient par une abondance de boissons alcoolisées et une nourriture peu raffinée.
D’autre part, le carnaval servait également de défouloir social. Il permettait d’extérioriser des émotions quotidiennes interdites. C’était un moment de détente ou, pour le dire familièrement, une occasion de se défouler pour une société soumise à de nombreux interdits. Du point de vue des autorités, cette façon de libérer les émotions refoulées était assez sûre, car elle était contrôlée et strictement programmée.
Autrefois, le carnaval était une sorte de créature du monde à l’envers. Chacun pouvait dépasser les limites normalement impossibles et devenir, pour un temps, quelqu’un de complètement différent. D’où la tradition carnavalesque de se déguiser et de porter des masques. Cela permettait à une simple paysanne de devenir aristocrate et à un paysan de devenir évêque.
Aujourd’hui, le carnaval n’a plus cette fonction ; il s’agit simplement d’une période d’insouciance et de prospérité extraordinaire pour de nombreux clubs, restaurants ou salles de banquet. Toutefois, certains éléments des jeux traditionnels ont été conservés jusqu’à aujourd’hui. Ainsi, en se rappelant les racines du carnaval, il est peut-être plus facile de comprendre les coutumes quelque peu choquantes du carnaval.
**En voici quelques-unes !
Venise - entre la vie et la mort
Les masques sont un symbole de Venise. Il n’est donc pas surprenant qu’ils soient la principale attraction du carnaval local. Le carnaval de Venise est l’un des plus importants au monde et a une très longue tradition.
Au XVIIIe siècle, les festivités duraient jusqu’à un mois. Le bruit et l’agitation insupportables ont été combattus par Napoléon, qui a interdit le carnaval. Cependant, celui-ci est revenu en 1980 et dure maintenant 10 jours.
Les réjouissances vénitiennes peuvent être qualifiées de raffinées. Les déguisements sont des masques, des perruques et des costumes élégants. L’arène principale des célébrations est la place Saint-Marc. Cependant, les spectacles de cirque ne manquent pas.
Le clou du spectacle est le “vol du Turc” ou “vol de l’Ange” (en raison des ailes attachées au costume). Le spectacle consiste en l’ascension par un acrobate du clocher de la basilique Saint-Marc, qui est ensuite descendu sur la place. C’est un phénomène très spectaculaire et parfois choquant. Au XVIIe siècle, un acrobate a escaladé la tour avec un cheval, et une autre fois avec un bateau pour simuler une navigation aérienne. Malheureusement, il y a aussi eu des cas où des personnes ont payé de leur vie cet amusement.
Trinité-et-Tobago - L’Afrique s’unit
Nous savons tous que l’on peut s’amuser sur les rythmes de la samba, mais dans certaines régions du monde, ce sont les danses africaines qui ouvrent la voie. C’est le cas, par exemple, à Port-of-Spain, la capitale des îles de Trinité-et-Tobago, au Venezuela.
Ici, le calypso - musique d’origine africaine populaire dans les Caraïbes - est dansé tout au long du mois. Les spectacles de danse rassemblent les populations africaines, asiatiques, indiennes et européennes de diverses confessions. Personne ne peut résister aux processions de danses colorées.
Patras - Le triomphe des femmes
Patras est l’une des plus grandes villes de Grèce. C’est là que se concentrent les célébrations du carnaval. Les jeux ont une longue tradition, puisqu’ils ont lieu régulièrement depuis plus de 160 ans. Outre les masques, les stands et les beaux costumes que l’on retrouve dans d’autres régions du monde, les fêtes grecques se distinguent par deux traditions intéressantes.
La première est l’embrasement du roi du carnaval, qui marque le point culminant de l’ensemble des festivités. L’autre tradition est celle des “Bourboulia”, des soirées dansantes où les femmes viennent sans leur partenaire. Elles sont complètement méconnaissables, vêtues de robes noires de la tête aux pieds. Ce sont elles qui choisissent leurs partenaires de danse et qui décident avec qui elles passeront un agréable moment pendant les divertissements de l’après-midi.
Tenerife - ambiance funèbre
En raison de la nature des jeux de carnaval, Santa Cruz (la capitale de Ténériffe) est connue comme un petit Rio. Les magnifiques costumes et les spectacles de danse ne semblent jamais s’arrêter. Pendant cette période, tous les bureaux sont fermés et les magasins ne sont ouverts qu’avant midi. Le carnaval semble errer et s’étendre à d’autres villes.
Cette folie connaît cependant une fin assez surprenante. Un groupe de pleureuses vêtues de noir accompagne une …énorme sardine dans son dernier voyage. Fabriqué en papier et en bois, le mannequin de poisson est noyé dans l’océan. Il s’agit d’une séparation symbolique avec l’hiver.
Oruro - une fête d’enfer
L’un des festivals les plus intéressants se déroule dans la ville bolivienne d’Oruro. Ses racines remontent encore aux croyances indiennes. Les Espagnols catholiques qui sont arrivés au 17e siècle ont interdit la célébration d’une fête païenne. Cependant, comme c’est souvent le cas, la tradition s’est avérée plus forte et se poursuit encore aujourd’hui sous une forme légèrement modifiée.
La fête est désormais reconnue comme une fête chrétienne, en l’honneur de la Vierge Marie. C’est l’occasion rêvée de faire des fêtes endiablées, de s’asperger d’eau et de mousse. Les danses ne manquent pas non plus.
En l’occurrence, il s’agit de la “Diablada”, ou “danse des démons”. Elle est menée par un danseur déguisé en Satan et un autre en Michel Archange. Les danseurs principaux sont suivis par d’autres danseurs déguisés en diables. Officiellement, la danse est un symbole de la bataille victorieuse de l’archange contre Lucifer. Officieusement, cette célébration est considérée comme un culte rendu au diable, qui identifierait le dieu précolombien du monde souterrain, Huari.
On peut dire que le carnaval inspire bien plus que le voyage et l’amusement. Ce message apparemment simple s’avère être un phénomène beaucoup plus complexe. **Les traditions du carnaval recèlent encore bien des secrets.